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Interview de Michael Aubert, Artiste dramatique et réalisateur, ESLSCA promo 1995
1/ Bonjour MichaĂ«l. En quoi l'ESLSCA a-t-elle Ă©tĂ© un vecteur dâinspiration et de rĂ©ussite pour toi ?
LâEcole mâa apportĂ© des outils sur plusieurs niveaux. Et le fait de ne pas ĂȘtre spĂ©cialisĂ© permet dâavoir une meilleure comprĂ©hension des entreprises, quelle que soit leur taille.
Lors de ma 3Ăšme annĂ©e, en alternance, jâai Ă©tudiĂ© lâOrganisation des entreprises. Jâai acquis les compĂ©tences pour pouvoir mieux comprendre les structures pour lesquelles jâai travaillĂ© par la suite, mais aussi pour voir et crĂ©er de nouvelles opportunitĂ©s.Â
Car les modĂšles appris Ă lâĂ©cole sont utilisables ailleurs. Tu restes attentif Ă certaines choses, mĂȘme si tu Ă©volues dans le monde associatif, mĂȘme avec des considĂ©rations diffĂ©rentes. Il y a toujours des fournisseurs, des clients/patients/usagers qui ont des attentes, des besoins, etc. Les mĂȘmes schĂ©mas peuvent sâappliquer.
LâĂ©cole donne Ă©galement un diplĂŽme, mĂȘme si par la suite notre profil sâenrichit dâautres compĂ©tences, formations et expĂ©riencesâŠ
Et câest aussi une carte de visite, puisque lâESLSCA fait partie des Ecoles SupĂ©rieures de Commerce !
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2/ Parle-nous de toi et de ton parcours : comment es-tu passĂ© du commerce Ă lâart dramatique et Ă dâautres arts ?
A la fin de mes Ă©tudes, jâai voulu faire un Volontariat de Service National en Entreprise (VSNE) pour travailler en Afrique ou en Asie. Mais jâai Ă©tĂ© rattrapĂ© par les dĂ©lais du Service National classique (menace de faire 16 mois au lieu de 10 !). Jâai alors demandĂ© Ă intĂ©grer le RĂ©giment du Service Militaire AdaptĂ© (RSMA) Ă La RĂ©union. Jây suis arrivĂ© en 1995.Â
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En 1996, jâai créé une entreprise et en parallĂšle jâai rejoint une EURL dont le patron Ă©tait dynamique et inventif. Son entreprise a grossi et sâest bientĂŽt constituĂ©e en holding.
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Mais en 2000, il y a eu un Ă©vĂ©nement dĂ©clencheur : mon pĂšre sâest suicidĂ©. Ăa fait rĂ©flĂ©chir sur les principes de vie et de mortâŠ
Alors fin 2001, jâai pris mon sac Ă dos. Je suis parti 9 mois. En rentrant, jâai repris le travail mais je nâĂ©tais plus motivĂ©. Jâavais besoin de trouver du sens Ă ce que je faisais. Je nâen trouvais pas dans le milieu Ă©conomique classique. Cet objectif de croissance continue, coupĂ© parfois du bien-ĂȘtre en entreprise ne me convenait pas. Je prĂ©fĂ©rais le principe dâun combat commun.Â
DĂ©jĂ Ă lâĂ©poque je ne me prenais pas au sĂ©rieux, ma fibre artistique devait ressortir !
Ma compagne de lâĂ©poque et qui fut aussi plus tard la mĂšre de notre fille mâa alors proposĂ© un petit rĂŽle au théùtre, Ă La RĂ©union. Jâai aussi commencĂ© Ă faire de la rĂ©gie. A partir de lĂ , je suis devenu intermittent en 2006, un rĂ©gime qui permet de vivre de son art.
Je me suis formĂ©, jâai fait des stages, jâai travaillĂ© le chant et le théùtre. Jâai tournĂ© des publicitĂ©s, puis jâai passĂ© des castings pour le grand Ă©cran.
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Pour moi le cinĂ©ma est trĂšs plaisant, trĂšs instructif mais quand tu as dĂ©cidĂ© que ton ancrage est Ă La RĂ©union, il est nĂ©cessaire de diversifier tes compĂ©tences. Alors je poursuis le théùtre, jâanime des formations, des ateliers, etc.Â
Jâai aussi envie de mâessayer Ă dâautres arts, dont la cuisine et la pole dance acrobatique⊠Tant quâon ne mâarrĂȘte pas, jâavance !Â
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3/ Dâailleurs, tu as un nouveau projet en cours : peux-tu nous en parler ?
Oui, je suis en train de préparer mon premier court-métrage, en tant que réalisateur.
Jâai traversĂ© une dĂ©pression trĂšs sĂ©vĂšre, avec une chute rapide, et jâai mis 2 ans Ă mâen sortir. Ăa mâa donnĂ© lâoccasion de rencontrer Ă la fois des personnes malades, des soignants du milieu hospitalier, des thĂ©rapeutesâŠ
Et au bout dâun moment, jâai dĂ©cidĂ© de faire un stage (animĂ© par Pascal Luneau, qui avait coachĂ© Anne Parillaud sur Nikita et Marion Cotillard pour La mĂŽme) avec des actrices et acteurs, des rĂ©alisatrices et rĂ©alisateurs : ça permet Ă chacune et chacun de comprendre ce qui se passe dans la tĂȘte des autres. Et là ça a fait « tilt » !
Jâai eu envie de rĂ©aliser ce court-mĂ©trage. Lâobjectif nâest pas de traiter de la dĂ©pression, câest de montrer quâil y a toujours moyen de sâen sortir et quâil existe des choses lumineuses, mĂȘme quand on est en dĂ©pression. Quâon peut changer son angle de vue. Je veux quâon comprenne quâil y a toujours un petit quelque chose, mĂȘme tĂ©nu, qui te raccroche Ă la vie, y compris quand tu es « au fond du trou ».
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Je suis encore en train de constituer le projet et lâĂ©criture, et jâai envie de tourner en mars ou avril 2025.
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Crédits photos : Florence Le Guyon
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4/ Qu'est-ce qui te passionne le plus dans ta vie dâartiste ?
Dâenvisager la petite tĂąche du jour ou lâobjectif global comme une sculpture : tu amĂšnes de la matiĂšre puis tu la cisĂšles, tu lâĂ©pures, jusquâĂ obtenir ce qui te parle. Ce qui mâanime, câest de me dire « je ne connais pas », de tenter lâexpĂ©rience, dâapporter quelque chose de personnel, Ă partir dâun challenge.
Quand tu sculptes, tu as lâimpression que la matiĂšre devait sâexprimer comme ça. Jâai envie de faire un mĂ©lange entre ma vision et la maniĂšre dont la matiĂšre devait sâexprimer. Mon travail consiste Ă structurer. Jâai souvent travaillĂ© avec des autodidactes, et jâaime relever le dĂ©fi de structurer, de construire, de dĂ©velopper. Je leur apporte des outils pour ça.
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Quand jâavais mon entreprise, la « matiĂšre Ă sculpter » Ă©tait le produit ou le service que je vendais. Mais il y a aussi un cĂŽtĂ© entreprise dans lâorganisation dâun plateau, avec des producteurs, des rĂ©alisateurs, des acteurs, etc. Chacun doit trouver sa place et a un rĂŽle Ă jouer.Â
BientĂŽt, ma matiĂšre sera le sujet de mon court-mĂ©trage, mais aussi les acteurs, ce quâils vont me proposer, lâĂ©quipe, etc. Je serai un des maillons dâune production collective. Et tout ça fait appel Ă des notions que jâai apprises Ă lâESLSCA : aller chercher des associĂ©s, de coproducteurs, des diffuseurs, etc. Dâailleurs on parle « dâindustrie du cinĂ©ma » !
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5/ Quel conseil donnerais-tu Ă un jeune diplĂŽmĂ© pour rĂ©ussir sa vie, sâĂ©panouir ?
Je dirais : « ne vous mariez pas trop tÎt » ! (rires)
Plus sĂ©rieusement, on nâest pas des chevaux de course, Ă qui on met des ĆillĂšres pour quâils suivent une voie sans ĂȘtre dĂ©rangĂ©s par ce quâil y a Ă cĂŽtĂ©. Si on nâest pas complĂštement dĂ©terminĂ© sur ce quâon veut faire : il faut aller flĂąner sur les chemins, y compris les chemins de traverse.
Je vois lâĂ©panouissement en Ă©toile plutĂŽt quâen faisceau.
Quâon ait envie de « faire de lâargent », de gagner bien sa vie ou de sâĂ©panouir, lâidĂ©e est dâabord de faire preuve de beaucoup de dĂ©licatesse par rapport Ă son entourage. Savoir se nourrir de tout, se donner les moyens dâatteindre ses objectifs, savoir Ă©couter les conseils et avancer, avec une grande libertĂ© : la force tranquille !
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6/ Quelle est ta relation avec le rĂ©seau des Alumni de l'ESLSCA ? Quelle importance a jouĂ© ce rĂ©seau ou dâautres dans ta carriĂšre ?
Je suis toujours parti du principe â mĂȘme si je lâai oubliĂ© pendant ma dĂ©pression â que je cotisais Ă lâassociation pour la soutenir, parce que le rĂ©seau, câest important.Â
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Ăa permet notamment de ne pas se retrouver en solo quand on change de rĂ©gion, de pays. Jâai dâailleurs animĂ© rapidement un rĂ©seau Ă La RĂ©union, avec des anciens de plusieurs ESC : lâAssociation des DiplĂŽmĂ©s dâEcoles SupĂ©rieures de Commerce (ADESC).
Ăa permet Ă©galement dâavoir des personnes ressources par rapport Ă des questionnements professionnels. Câest plus simple de traiter avec quelquâun que tu connais, dâavoir des recommandations.
Le principe du rĂ©seau est celui dâune fourmiliĂšre : si tout le monde travaille pour dĂ©velopper ce quâil a Ă dĂ©velopper et que les autres ne sont lĂ ni comme ennemis ni comme concurrents, on va pouvoir avancer. A lâinverse on se plante. Dans un rĂ©seau, tout le monde doit ĂȘtre nourri !
Et la diversitĂ© est trĂšs intĂ©ressante. Jâai dâailleurs eu envie de reprendre contact avec des gens qui ont des profils et des parcours trĂšs diffĂ©rents du mien, et on va organiser un repas avec des Alumni de lâocĂ©an Indien.
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7/ Quels sont tes meilleurs souvenirs Ă l'ESLSCA ?
Le premier date de 1994, quand nous avons fait venir Yehudi Menuhin et Alexis Weissenberg pour un concert caritatif Ă lâOpĂ©ra Garnier, avec lâassociation Convergence-ESLSCA. On a levĂ© 1 million de francs pour aider des associations comme la Croix-Rouge, lâArmĂ©e du Salut, les Orphelins Apprentis dâAuteuil, etc.
Et le deuxiÚme, moins visible et moins clinquant : quand on animait « La culture dans tous ses états », un week-end lors duquel plusieurs lieux culturels habituels ou exceptionnels ouvraient leurs portes au grand public pour lui faire découvrir des concerts, des exposition, etc.
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đąÂ IMPORTANT !
Si toi aussi tu souhaites tĂ©moigner de ton parcours professionnel, tes expĂ©riences, conseils et nous partager certaines anecdotes alors prend contact avec nous !Â
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Comment ?Â
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đ© Â Par mail Ă l'adresse suivante :Â info@alumni-eslsca.com
ou
đ Par tĂ©lĂ©phone en contactant Philippe au 06 85 81 24 75Â
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